Cela fait un moment que nous vous parlons de cécifoot, à travers des journées de
championnat, des matchs internationaux ou des interviews de joueurs et bien aujourd'hui
nous allons rester dans le cécifoot mais en ayant un tout autre regard. Nous allons, grâce à
Lloyd Lybaert et Michael Piecq, découvrir l'arbitrage particulier du cécifoot. Lloyd et
Michael sont une paire d'arbitres de notre championnat et nous allons leur poser quelques
questions afin de découvrir les subtilités de leur arbitrage.

@EnRoutePourRio : Bonjour à vous deux, tout d'abord comment a-t-on l'idée de devenir
arbitre de cécifoot ?

Lloyd: J’ai découvert le cécifoot en 2012, lors des Paralympiques de Londres. J’étais alors,
arbitre de plaine et de salle. Quand j’ai vu les matchs des non-voyants, j’ai été fasciné.
Quelques temps plus tard, durant une conversation avec mon ami Michael, qui lui avait
déjà arbitré à Prague en 2014. Nous avons parlé de l’éventualité de faire une formation et
de créer de ce fait un binôme unique en Belgique et qui plus est un francophone et un
néerlandophone.
De plus dans le cadre de mes études dans l’enseignement, je suis amené à côtoyer des
personnes non-voyantes. J’ai donc été poussé par mon esprit de curiosité à m’intéresser à
ce sport. C’est d’ailleurs à mon sens une expérience humaine très captivante.

Michael: Moi, je faisais mon stage à l'Union Royale Belge des Sociétés de Football Association. Un
collègue arbitre en première division, qui devait normalement officier au tournoi de
Prague, avait reçu une désignation de l'UEFA. Il ne savait donc plus officier à Prague. J'ai
repris sa désignation et ensembles avec les Red Wolves (l'équipe nationale belge du
cécifoot), on a fait une de nos plus belles expériences.
Après le tournoi, j'avais le sentiment que c'était primordial de développer le cécifoot.
C’est ainsi que j’en ai parlé avec Lloyd et nous avons décidé d'unir nos forces.

@EnRoutePourRio : Vous arbitrez ensemble, comment se forment les paires d'arbitres ?
Sont-elles fixes ? Comment on se répartit l'arbitrage sur le terrain ?

Lloyd: Actuellement en Belgique, nous ne sommes deux arbitres, pour deux équipes officielles
(Anderlecht et Charleroi). Ses équipes sont intégré comme nous dans le championnat
français. Ce qui fait que lors des compétitions, nous sommes amenés à officier avec des
arbitres français. Nous en avons fait l’expérience à Violaines durant le week-end du 25 au
26 mai.
Il y a comme en plaine, plusieurs arbitres. Trois pour être plus précis. Deux arbitres de
champs et un arbitre de chaise. Les deux premiers s’occupent de prendre les décisions
comme les arbitres font en plaine. Le troisième réceptionne les informations et les notes
sur la feuille de match.
Lorsqu’un temps mort est demandé, c’est au juge de table de prendre la décision ainsi que
pour les changements. Il est amené également à signaler auprès des arbitres de plaine le
nombre de faute commise par l’une ou l’autre équipe afin que ceux-ci puissent prendre la
décision d’octroyer une pénalité.

@EnRoutePourRio : Le cécifoot est un sport très proche du foot on y a d'ailleurs
régulièrement entendu des joueurs plein de mauvaise foi ou des joueurs utilisant
l'excuse imparable du « je ne l'avais pas vu », expliquez nous les particularités de
l'arbitrage cécifoot.

Michael: Les contacts sont bien évidemment très courants du fait de leur cécité. C’est la raison
pour laquelle il nous faut être constamment vigilant. De plus, lors de chaque briefing
d’avant match un point essentiel est mis en avant, c’est la « prévention ».
Ceux ci communiquent entre eux avec le mots « voy », qui veut dire: « je suis ici ». Les
joueurs ne disant pas « voy » peuvent entrer en contact avec leur adversaire et cela peut
impliquer des blessures graves, comme par exemple un nez cassé. L’intégrité physique de
l’individu est donc prioritaire. On nous demande de prendre des décisions afin de les protéger un maximum. Cependant, les contacts sont monnaies courantes et tolérés. La vision est là un facteur important car ils ne voient pas leur adversaire de ce fait, ils peuvent donner des coups involontaires. Cela dit, certains coups qui sont donnés sont clairement réalisés afin de contrecarrer une action, à ce moment-là le joueur est averti.

@EnRoutePourRio : Il y a deux catégories au cécifoot, les B1 (non Voyant) et les B2/B3
(mal Voyant), est-ce le même arbitrage ?

Lloyd: L’arbitrage des B1 est très particulier, il difère beaucoup de celui des B2 et B3, ces deux
dernières catégories sont très proches de l’arbitrage en salle.
Michael: L'arbitrage est certainement pas le même. Les contacts sont moins présents. Par exemple
sentir l'adversaire avec les mains. Les collisions sont aussi plus évitables. Les règles sont
plus ou moins le même, mais entre voir est pas voir, il y a encore une mer à traverser.

@EnRoutePourRio : Il y a de gros chocs frontale dans ce sport, comment faite vous pour
sécuriser le jeu et les joueurs ? Les absences de signalement sont ils sanctionné plus
sévérement que les autres fautes ?

Michael: Pour sécuriser les joueurs, il est primordial de respecter les basics: « le son ».
Ceci décide même le niveau du match. Les supporteurs doivent respecter les consignes
d'applaudissements, les dirigeants sont responsable pour seulements leurs zones indiqués
et les joueurs doivent communiquer entre eux et les adversaires. La plus belle exemple est
la comparaison avec une entreprise. Aussi une société bénéfice ou tombe avec la
communication.

Lloyd: Il est donc évident, que l'absence de signalement oral est une faute assez grave. Il est bon
de savoir qu'après cinq fautes d'un joueur, celui doit quitter le terrain. Après cinq minutes
un autre joueur peut reprendre la place du joueur exclu. Quand une équipe qui a un
joueur exclu et qui encaisse un but, celle-ci peut demander de faire remonter un autre
joueur (non le joueur exclu) après le but.
Les fautes les plus graves sont comme dans le foot normale les fautes volontaires.

@EnRoutePourRio : A chaque journée de championnat on remarque que le cécifoot est
une grande famille, tout le monde se connaît se tutoie, se chambre, ce n'est pas trop
difficile d'arbitrer des amis ?

Lloyd: Chaque phase est jugée en toute impartialité quel que soit la nature des relations que l’on
peut avoir avec chaque équipe, c’est l’un des fondements même de l’arbitrage. Je dirais
même que c’est grâce à cette proximité que nous arrivons à dialoguer de manière efficace
avec les différents joueurs et avec les autres intervenants, une famille doit savoir se faire
confiance et c’est grâce à cette confiance que l’on arrive à prendre les décisions
importantes.

@EnRoutePourRio : Avez vous le droit et / ou la qualification pour arbitrer d'autres
sports que le cécifoot ? Je pense à d'autres handisports ou même au foot valide.

Michael: Non on n'a pas le droit d'arbitrer hors le cécifoot, d'autres handisport. Il y a aussi une
formation bien spécifique au cécifoot, une étude du règlement et une application sur le
terrain est nécessaire, pour les autres sports il en va de même.

@EnRoutePourRio : une question qui fâche, peut-on vivre de l'arbitrage handisport ?
Lloyd: Humainement oui, financièrement non (rire), je pense que le but recherché n’est pas
l’argent. C’est surtout l’expérience humaine qui se cache derrière ce sport qui prévaut.

Michael: Je confirme, l''expérience humaine et les amis nous donnent la plus grande satisfaction.

@EnRoutePourRio : Pouvez vous nous expliquer comment sont choisis les arbitres des
matchs internationaux ? Est-ce une sélection ?

Michael: Oui, il s’agit d’une sélection, prise en charge par une autoritéé centrale ici l’IBSA
(International Blind Sports Fédération). Un responsable d'IBSA vient nous rendre visite dans
notre pays et nous évalue sur plusieurs points. Un des points par exemple est de
promouvoir le Cecifoot et surtout d'aider au développement.

Lloyd: La connaissance des langues est très importante. Quand il y a des matchs internationaux
en Belgique, ce n'est pas l'IBSA qui décide les désignations, mais alors c'est le LHF (Ligue
Handisport Francophone) qui sera responsable.

@EnRoutePourRio : Un grand merci à tous les deux d'avoir pris le temps de répondre à
nos questions, nous vous souhaitons une bonne fin de saison et un bel avenir
international.

Lloyd: Michael et moi vous remercions et espérons avoir suscité une certaine curiosité auprès de
vous et de vos lecteurs et nous espérons également vous rencontrer lors de prochain
tournoi.

Nous vous invitons, les 4 et 5 juillet au cite de l’ADEPS de Loverval pour une rencontre
entre l’Allemagne et la Belgique.

Kevin d'ERPR

Fabien